Demain ne meurt jamais

Me voilà de retour avec le sujet chaud bouillant du mois de septembre, le thème qui déchaîne les passions des parents et suscite une foule de questions toutes plus cruciales les unes que les autres de la part de leur entourage : la rentrée. En prime, pour nous c’était la PREMIERE rentrée cette année, un vrai événement, comme toutes les premières fois du reste de la vie de l’alien… Et malgré tous nos efforts, ce grand saut dans le monde magique de l’éducation nationale ne s’est pas fait en douceur.

Connaissant l’hypersensibilité de Vadim, on se doutait que sa première rentrée serait un peu hardcore… mais je crois que sa dose de stress a dépassé toutes mes prévisions les plus apocalyptiques. La rentrée des petites sections était programmée à 10h30 et l’alien a commencé à fondre en larmes à la maison deux bonnes heures avant de prendre le chemin de l’école. Impossible de le raisonner, il répétait à l’envers toutes les paroles réconfortantes que je tentais de lui prodiguer. Lorsque nous sommes arrivés devant l’école, il s’est agrippé comme un koala dans mes bras, en continuant de pleurer toutes les larmes de son corps… et il a même hurlé « NON ! » quand son nom a été appelé par le maître. Ah oui, parce que Vadim a un maître cette année… et j’ai presque regretté qu’il parle déjà aussi bien quand il lui a dit les yeux dans les yeux : « Je voulais pas un maître moi. Je voulais une maîtresse. » #nofilter

Une fois dans la classe, il est resté collé près de moi jusqu’à ce que le maître m’appelle pour remplir les papiers… La liste ayant été faite par ordre alphabétique des prénoms, j’ai été la dernière à partir, une heure plus tard, juste avant la fin de la classe, poursuivie par les hurlements de détresse du rebelle de l’école… Sa grand-mère venant le chercher cinq minutes plus tard, je doute qu’il ait eu le temps de se calmer et de profiter un peu de sa première matinée d’école. De mon côté, j’ai lutté contre la tentation d’aller boire une vodka cul sec pour oublier cette première fois bien bien foirée. (ce qui m’a sauvée est le souvenir de ma promesse de ne plus JAMAIS boire de la vodka, proférée après une affreuse cuite cet été qui m’a valu le surnom d’Absolute…) (non, en fait, je me suis surtout dit qu’il n’y a que Daniel Craig James Bond qui arrive à gérer au taf en étant méga-dépressif et raide bourré) Autant vous dire que j’appréhendais encore plus la deuxième journée du coup…

Bon, du coup, j’ai eu des renforts pour la deuxième opération « largage de bombe humaine hurlante dans la classe ». On a pris la route de l’école tous les trois le vendredi matin. Vadim a encore pleuré, mais seulement au moment de notre départ. Cette sensation de progression a vite été effacée quand il est rentré avec un chtard à l’œil et à la lèvre. Arès deux versions des faits assez abracadabrantes, on a fini par apprendre qu’il s’était battu avec un copain à l’école. Je pense qu’on est bien parti pour le voir recevoir le prix de camaraderie en fin d’année, ça va être finger in the nose ! Après ces deux premiers jours pas bien glorieux, c’était déjà le week-end. Vadim a respiré et nous-aussi. On a profité de l’été indien pour changer d’air et recharger les batteries, afin de préparer au mieux le terrain pour la première vraie semaine d’école qui se profilait dangereusement à l’horizon…

Le lundi, rebelote ! J’ai quitté l’école à 8h30 le cœur criblé d’échardes. Une petite pique pour chaque larme versée par l’alien, de quoi remplumer une cargaison de hérissons dégarnis. Je me suis réconfortée en me raccrochant à l’idée que j’allais récupérer Vadim à midi et de profiter de lui toute l’après-midi. (le lundi étant mon jour de congé) En me voyant à la sortie, il s’est jeté sur la poignée de la porte, le visage illuminé de joie… avant de se faire rabrouer par le maître. Le temps que j’arrive à me frayer un chemin parmi les parents, mon petit crocodile a de nouveau fondu en larmes, terrorisé à l’idée de ne pas avoir le droit de me rejoindre. Il s’est calmé en un clin d’œil en me rejoignant, très excité à l’idée d’aller manger « en ville » avec ma copine Caroline. Il lui a raconté sa rentrée tout en dévorant des pâtes, expliquant très sérieusement que je l’avais abandonné à l’école et lui offrant une superbe imitation de lui-même en train de pleurer « Maman, maman ! ». En observant sa prestation, je me suis dit que si c’était bel et bien mort pour le prix de camaraderie, on pourrait peut-être se réconforter avec un modeste César, tellement sa performance était bluffante. Si réaliste que j’ai été traversée par l’idée que ses larmes quelques jours avant n’étaient peut-être pas si sincères que ça… En rentrant à la maison, il a conclu sereinement qu’heureusement c’était fini l’école. S’il savait qu’il vient d’en prendre pour vingt ans !

Le quatrième jour d’école, le miracle a enfin opéré… Quand j’ai récupéré Vadim à la sortie, il s’est écrié immédiatement : « C’était bien l’école », avec un grand sourire aux lèvres qui m’a mis du baume au cœur. La semaine s’est terminée assez tranquillement, sans crise au moment fatidique de la grande séparation du matin. Pourvu que ça dure… Une citation du minuscule philosophe Baby V. m’a redonnée un peu d’optimisme : « Petit Ours Brun aussi, il a peur d’aller à l’école. Mais il faut affronter ses peurs. » Espérons que notre petit alien arrivera lui-aussi à surmonter les siennes…

Demain est un autre jour après tout.

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