Moi, ma grand-mère

Ma grand-mère nous a quittés il y a un an et une phrase de son amie d’enfance m’a frappée. Cette dernière a déclaré à ma maman : « Pour moi, ta mère a toujours été une aventurière. » C’est toujours étonnant pour des petits-enfants d’imaginer la jeunesse de ceux qu’ils ont toujours connus sous les traits de grand-parents… et en même temps cette phrase m’a fait penser à « Moi ma grand-mère », un très joli livre de Pef dans lequel des gamins rivalisent d’imagination pour décrire la vie trépidante de leurs grand-mères et épater la cour de récré. Finalement, c’est celui qui avoue tout simplement que sa grand-mère lui fait de délicieuses tartines de pain avec du beurre et des petits copeaux de chocolat dessus qui fait le plus d’envieux.

Depuis un an, je ressasse l’envie de peindre ma grand-mère avec des yeux d’enfants, d’être ébahie de nouveau devant sa personnalité bien trempée. Je me pose également beaucoup la question de la transmission : comment partager avec nos enfants le souvenir de ceux qu’ils n’ont pas connus ? Et quand je pense à la manière dont j’ai envie de parler d’elle à Vadim, je ne peux m’empêcher de vouloir lui montrer différentes facettes de cette arrière-grand-mère qu’il a tout juste croisée. Je n’ai pas envie de me contenter de lui décrire le goût du pain perdu chaud qui nous attendait au retour de la plage et que l’on dévorait avidement, encore enveloppés dans nos serviettes mouillées… J’aimerais aussi partager avec lui les aventures de ma Mamie. Voilà donc ma version maladroite et émue du fameux « Moi, ma grand-mère »…

Moi, ma grand-mère, c’était une exploratrice. Elle n’a pas eu peur de s’embarquer en mer pour partir à la conquête des p’tits Anglais.

Moi, ma grand-mère, c’était une amazone. Elle n’a pas hésité à sacrifier une partie de son corps de femme pour garder la vie sauve.

Moi, ma grand-mère, c’était une justicière. Elle n’a jamais eu peur d’élever la voix ou de prendre sa plume quand elle était révoltée.

Moi, ma grand-mère, c’était une warrior. À soixante-dix ans passés, elle a réalisé l’un de ses rêves les plus fous : sauter en parachute.

Je réalise combien je suis privilégiée d’avoir pu partager ma grossesse avec ma grand-mère, qui m’a parlé de femme à femme de sa propre expérience de la maternité lorsque je suis venue passer des vacances chez elle le ventre déjà bien arrondi. Vadim est le seul de ses petits-enfants qu’elle a connu, ma mère a même déplacé des montagnes pour que ma Mamie puisse être là à sa naissance. Encore un autre privilège incroyable.

J’espère que cet article fera sourire les membres de ma famille qui pensent tout particulièrement à ma grand-mère en cette période de triste anniversaire. Finalement, ce sont ses propres paroles qui m’apportent aujourd’hui encore le plus de réconfort. À chaque fois que j’étais triste de la quitter à la fin des vacances et que je lui demandais pourquoi on devait toujours se séparer des gens que l’on aimait, elle me répondait avec un grand sourire « Pour mieux se retrouver. » Alors qui sait ?… à la prochaine Mamie.

3 Comments

  • Elisabeth Magant 2 mars 2016 at 10 h 14 min

    Très beau , j’ai ma petite larme et ça me renvoie moi aussi comment parler à mes petits des leurs grand-parents qu’ils n’ont pas connu . Merci

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  • Elisabeth Magant 2 mars 2016 at 10 h 27 min

    Très beau. j’ai eu ma petite larme . ça me revoie à comment parler de leurs grand-parents qu’ils n’ont pas tous connus à mes petits. Merci

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    • mollyfraggle 9 mars 2016 at 21 h 22 min

      Merci Elisabeth ! C’est vrai que c’est délicat cette question de transmettre la mémoire de ceux qui sont partis trop vite… Mais je suis sûre qu’on trouvera les bons mots ! 😉

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